“ La joueuse de go ”.
J'ai du mal à respirer et une boule s'est coincée dans ma gorge en voyant le petit ami de mon amie lycéenne. Est-ce ça, la haine qu'on éprouve quand on voit des gens amoureux ?
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“ Il est plus facile pour mes camarades de survoler la Chine que pour moi de pénétrer la pensée de la joueuse de go. ”
La joueuse de go est un roman de Shan Sa de 326 pages lisibles. A la 295ème page, nous ne connaissons toujours pas le nom des deux protagonistes. Original. C'est une histoire romantique, sous fond de guerre et de prostitution « détabouïsée ». Il y a la lycéenne, la « joueuse de go ». Elle est belle, ordinaire, boulversée par la guerre qui ne la touchait pas avant de toucher son premier amour. Il y a le soldat, qui croit avoir tout vu, tout connu, du haut de ses vingt-quatre années. Il imagine son charme puissant et se sent impuissant face à la beauté des putes, des filles et de la joueuse de go, parfois. Il y a des jours où elle a les ongles oranges, si parfaits et d'autres où sa tresse défaite lui donne un air fatiguée et... triste ? Ils vont connaître l'amour, au-delà des convenances, du mariage ou même du plaisir charnel. Parce qu'elle est Chinoise, destinée à périr et parce qu'elle a touché à la rebellion, qu'elle déteste les étrangers et, en particulier, les nippons et qu'il est Japonais, déstiné à faire périr tous les Chinois rebelles.
Je n'ai pas fini le livre (quelques pages que je terminerai ce soir) mais il ne me déçoit pas. Il est poétique, digne d'une passion interdite. Les horreurs de la guerre sont décrites avec justesse et je trouve que démocratiser le monde des putains est réaliste. « Il se vide dans une pute en pensant à Elle. » J'aime.
Attention! Elle n'est pas une putain. Comme je l'ai dit, le monde de la guerre et des putains sert de mise en forme. Ce qui trône, c'est la crise existentielle des deux héros. L'une avec l'amour, l'autre avec le désir d'aimer mais le rôle de tueur qu'il doit assumer à contre-coeur (mais qu'il doit assumer quand même, et qu'il assume froidement).